1- Pouvez-vous nous présenter votre commune en quelques mots ?
Sartrouville est la 2e ville des Yvelines avec 53 000 habitants, assez proche de Paris avec la Défense à 15 mn en RER A et la Seine. La commune compte des quartiers très différents avec une ville basse ayant une population plus âgée, en zone pavillonnaire et à plus forts revenus, où se trouve la gare, et une ville hauteavec une large part d’immeubles, d’habitat social et une population jeune et à moindres revenus avec des programmes ANRU.
2- Qu’est-ce qui vous a amené à vous présenter pour siéger au conseil municipal ?
Un choix naturel après un parcours de citoyenne engagée : j’ai toujours été engagée dans la vie locale, dans des réseaux associatifs au profit d’actions solidaires en particulier. J’ai également toujours été une militante de la démocratie et une citoyenne très concernée par l’actualité politique.
J’ai peu à peu éprouvé le besoin d’aller plus loin dans l’implication pour ma ville afin de contribuer à proposer un autre projet pour Sartrouville. Dans cette logique, présenter ma candidature aux élections s’est peu à peu imposé. Nous nous sommes rassemblés, citoyens et plusieurs partis, pour proposer un autre projet, et conduire cette liste a finalement constitué une autre évidence.
S’engager pour faire vivre ses valeurs est nécessaire, être utile à la République est important pour moi. Etre un lien et porter la parole de celles et ceux que l’on n’entend pas également.
3 – Pouvez-vous nous détailler la façon dont le maire et sa majorité respectent vos droits d’élus minoritaires ?
À Sartrouville : tout un programme ! Le Maire, comme la plupart des membres de son entourage, est élu depuis plus de 25 ans et cumule également les mandats (Pdt de l’interco, 1er VP du département, etc.). Il en a visiblement oublié les droits de l’opposition. Parfois même, nous nous demandons s’il n’oublie pas les droits de sa propre majorité, car tout le monde vote en bloc mécaniquement, certains de ses élus n’ont pas ouvert la bouche pendant tout le dernier mandat.
De nombreuses commissions ne se tiennent pas, dont la commission consultative des services publics locaux pourtant obligatoire chez nous. Nous découvrons lesprojets dans la presse ou par une affiche d’enquête publique. Nous ne parvenons pas à accéder aux demandes de subventions et bilans financiers associatifs malgré nos demandes. Même chose pour certains marchés publics, des baux, etc. Nous n’avons eu aucune information pendant le confinement, même pour les décisions du Maire qu’il était pourtant tenu de nous transmettre. Nous ne sommes pas invités aux inaugurations, au déjeuner des anciens, ni même une année aux vœux du conseil municipal ! Bref, nous avons un sérieux problème à Sartrouville.
Une vraie culture de l’opacité et l’oubli de ce que doit être une démocratie vivante, dont le respect des droits de l’opposition.
4- Quelles actions avez-vous entreprises pour un meilleur respect de ces droits ?
Notre premier engagement est de travailler : être assidue (100% de participation sur la mandature écoulée), préparer les dossiers et les questions, proposer des actions avec des arguments et des exemples. Nous sommes une opposition crédible et perçue comme telle par la majorité. Nous ne pouvons pas réclamer le respect de nos droits et ne pas être au rendez-vous, ou n’être que dans la posture ou la gesticulation sur les réseaux sociaux. Pour cela, nous organisons régulièrement des consultations publiques avec 4 000 votes pour la dernière, ce qui constitue à la fois un travail de gestion et de synthèse considérable mais aussi, et surtout, une mine d’orientations et un bel exercice démocratique.
Nous agissons aussi en informant largement les habitants : tenue des conseils et commissions, ordre du jour, communication des éléments importants. Nous organisons des compte-rendus en réunion et via internet dans les 24h suivant les réunions. Nous sommes relayés sur le terrain par des citoyens qui sont en profond désaccord avec les méthodes de la majorité, quand bien même certains en sont pourtant politiquement proches. Mais il y a eu une sorte de fatalisme à l’approche des élections, l’impression que « ça ne changera jamais » et l’abstention est toujours très forte. Néanmoins, malgré la pandémie, certains quartiers sont davantage allés voter pour les municipales et des jeunes se sont engagés, ce qui constitue un signe favorable.
Enfin, nous sollicitons le Préfet et nous avons également saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (qui a rendu un avis positif) et le tribunal administratif. Mais devoir en arriver là est consternant.
Les droits de l’opposition ce sont les droits des citoyens, ne pas les respecter ce n’est pas juste ne pas respecter les élus d’opposition.
5- Avez-vous suivi des formations d’élus de l’AELO ? Si oui, que vous ont-elles apportées ?
Le respect des droits de l’opposition, c’est la force d’un système démocratique. J’y suis très attachée, et pas uniquement parce que je suis moi-même élue d’opposition. Dans ce cadre, j’apprécie les propositions formulées par l’AELO pour améliorer la loi mais aussi pour donner de la visibilité à des situations anormales, afin d’augmenter la prise de conscience collective en vue d’une amélioration globale.
Les sujets des formations et leur calendrier sont bien ciblés, l’approche est concrète tout en étant rigoureuse sur les références et le cadre juridique, les intervenants sont très ancrés dans la réalité de terrain et à l’écoute. On y capitalise également sur l’expérience et les idées d’autres élus d’opposition, de tous bords. Cela aide à mieux travailler et fait gagner du temps d’apprentissage, un bel effet levier quand on veut avoir un mandat utile et qu’on est décidé à investir du temps pour préparer ses dossiers, ses propositions. Avoir l’assurance de sessions de formation sérieuses dispensées par une association sans parti pris politique et sans but lucratif est essentiel.
– Publié le 03/07/20